Toujours y croire

Italie. Années 90. Vie banale dans l’indifférence. Walter, 25 ans, employé dans une librairie,  reconvertie en vidéothèque avec un kiosque à journaux. Vivant la plupart du temps à découvert, il n’a qu’une seule occupation : son travail. Autour du « boss » très « American », de ses collègues, un mannequin à la dérive et un déprimé, des clients, femmes allumeuses ou autres dingues d’histoire, le destin semble l’accabler … et comme il faut ! Dans cette civilisation de l’argent, où les gros écrasent les petits, a-t-il cru un moment à un échange des grands rôles ?

Ne jamais craquer. Voici la morale de cette tragi-comédie moderne et véritable. Sans prétention, Culicchia esquisse en 150 pages un portrait indiscutable de l’Italie de Berlusconi. Qui ferait rire aux éclats comme monter les larmes. Car on croirait presque Walter prêt à craquer, à abandonner tout espoir à des moments où la vie est trop difficile et ingrate. Mais c’était sans compter sur la malice de l’auteur, qui trouve le moyen de placer anecdotes et paroles comiques, rendant aussi un « Walter-héros » si attachant : ses patrons, clients, désirs multiples, relations amoureuses qui n’y  ressemblent d’ailleurs pas, … tout est drôle, car tellement caricatural, mais paradoxalement si profond. Parce que rien n’est caché de ses faiblesses, Walter nous ressemble ! Chacun peut y trouver ce qu’il cherche et c’est l’un des grands pouvoirs cachés du petit bijou, se terminant par une photo-finish renversante, un effet de boucle passionnant. Il permet de mieux saisir l’Etre humain souffrant tant dans notre monde qui nous fait du même coup rougir de honte. Il est alors important de se remobiliser pour ne pas broyer du noir : réfléchir à sa vie, celle qu’on côtoie tout les jours et celle dont on rêve toutes les nuits, celle de nos proches … pour la transformer en un Paso Doble effréné. Eh oui, cette danse espagnole rappelant la corrida, qui paraît-il, est l’une des plus simples à apprendre …

Céline PROBEL